7 artistes visuels canadiens à découvrir absolument
D’une année à l’autre, la foire Papier est un rendez-vous incontournable pour les amoureux d’art visuel. Un événement qui démocratise l’art d’acquérir des œuvres d’art en exposant exclusivement des créations sur support papier, étant bien moins dispendieuses que les toiles ou les sculptures. C’est aussi une merveilleuse occasion de (re)découvrir les talents locaux et les lignes artistiques des 38 galeries canadiennes représentées. Entre dessin, photo, et art digital, voici mes sept coups de cœur Querelles.
Coté dessin…
Claude Chaussard – Nu no 5 – Galerie Eric Devlin
La forêt d’arbres lumineux à l’entrée de Gatineau, c’est lui! Claude Chaussard est un véritable artiste multidisciplinaire qui touche autant à la peinture sur toile qu’aux livres, à la peinture sur verre, et aux installations urbaines. Sa série de dessins réalisés à la pointe d’argent témoigne d’une nouvelle approche tout en finesse. D’apparence vides, les feuilles de papier blanc révèlent, au-delà d’une certaine proximité, des parties de corps nues. Intimement suggérées, elles font échos à la pudeur et à la délicatesse d’un érotisme latent. À suivre : le projet de la passerelle Dominion sur la rue Saint-Ambroise.
Charley Young – Glacier Study
J’ai retrouvé avec plaisir cette artiste d’Alberta rencontrée l’an passé à la même foire au stand du Studio 21. Il y a un an, je me perdais dans ses montagnes de graphite sur mylar. Aujourd’hui, je découvre ses glaciers dans une nouvelle étude plus abstraite et géométrique. Le contraste entre la friabilité du medium et l’angle des formes est toujours présent. Une jeune artiste à suivre assurément.
La photo, médium de la démesure
Thomas Kneubühler – Twighlight – Patrick Mikhail Gallery
Les photos de Thomas Kneubühler font partie de ce genre de créations qui parviennent à me plonger instantanément dans un état émotionnel très particulier. Sa série Days in Night résonne directement avec ma fascination pour les atmosphères nocturnes et les ambiances industrielles surréalistes perdues en pleine nature. Notons que cet artiste suisse installé au Canada a passé 6 mois dans une base militaire de recherche en Arctique en plein hiver pour rapporter ces clichés exceptionnels.
Edward Burtynsky – Iberia Quarries no.7 – Art45
Dans la même veine, les photographies d’Edward Burtynsky témoignent de l’immensité des paysages naturels et de la démesure des impacts humain sur l’écologie. J’apprécie cet art engagé où l’homme retrouve sa taille macroscopique. Sa série Querries (carrières) est la continuité d’un travail explorant les mines, les champs pétrolifères, ou encore les bateaux à l’abandon.
Quand le papier se digitalise
Oliver Pauk – Object 52 – Patrick Mikhail Gallery
Les formes d’Oliver Pauk semblent tout droit sorties d’une autre dimension. Objets réels, compositions vidéo, et images 3D sont soumises aux forces de l’entropie et au désordre de nos environnements. Dans ces textures et structures plus ou moins anarchiquement déformées, on peut reconnaître une belle métaphore de nos vies virtuelles. Cela ne ressemble à rien de connu, et on en redemande.
Chloe Lum & Yannick Desranleau – 5 TABLEAUX (IT BOUNCES BACK) – Galerie Hugues Charbonneau
De la couleur, des textures et du mouvement… oh oui ! Séripop fait suite à une performance présentée l’an dernier à la Fonderie Darling. Arrachage, épluchage, froissage, broyage… tout les moyens sont bons pour explorer la transformation des matériaux. Sur deux écrans digitaux, le processus est répété et stylisé pour donner des oeuvres en soi d’un grand style graphique. Elles ne sont pas sans rappeler les vidéos de Vallée Duhamel que l’on peut admirer à la sortie de métro en direction du Musée d’art contemporain. À suivre : leur présentation au prochain OFFTA.
Naomi Cook – BATS 2012-03-23 – Galerie Pierre- François Ouellette
Naomi Cook est une véritable artiste geek. Fascinée par les phénomènes de valorisation en bourse, elle a construit un algorithme lui permettant de matérialiser visuellement la baisse de la valeur d’une action selon certains paramètres précis (le prix, le temps, et la valeur). Dans une courte vidéo, la forme détourée à la main d’un billet froissé se promène et se déforme selon les différents axes représentant ces trois paramètres dans une animation presque innocente qui illustre parfaitement l’absurdité et l’irrationnalité des marchés financiers.
Crédit (foire) : Jean-Michael Seminaro photographe