Festival MURAL – Rencontrer Le Bonnard et se transformer en canevas
Dialogue : Olivier Bonnard
Si le Festival MURAL a pour but de faire rayonner la créativité montréalaise à l’international, c’est aussi l’occasion pour nous de découvrir nos artistes locaux, surtout ceux qui commencent tout juste à se tailler une place dans le monde de l’art.
Lors de ce week-end où fête et créativité sont les mots d’ordre, Querelles a eu la chance de s’entretenir avec un des jeunes protégés de l’équipe LNDMRK, Olivier Bonnard, aka Le Bonnard, afin de discuter de son travail et de sa participation à MURAL.
Notre rencontre ne devait durer que quelques minutes puisque pour ces muralistes, le temps est compté et chaque minute passée en dehors de leur échafaud mécanique rapelle le deadline qui approche. Assis dans une cage d’escalier et submergés par le bruit de la musique du Paint Party Corona qui se déroulait à deux pas, nous avons tout de même réussi à en savoir un peu plus sur cet artiste touche-à-tout, à l’avenir très prometteur.
Symbolisme inconscient et amour de l’étrange
Pour Le Bonnard, une formation artistique académique n’était pas une priorité ; un apprentissage qu’il trouvait trop traditionnel et général. Ce qu’il voulait, c’était plutôt apprendre des vrais maîtres du street art. Quand on lui demande d’où viennent ses inspirations et ses influences, la réponse devient un peu plus complexe. Le Bonnard nous explique que malgré la forte charge symbolique de son œuvre (les animaux, la vie, la mort etc.) les associations se font pour lui de manière plutôt subconsciente et spontanée. Ce qui compte avant tout, c’est de créer une œuvre qui soit riche, dans les détails et dans la couleur, couleurs qu’il tente de dessaturer au maximum. Pour MURAL, il présente une œuvre au background marécageux où flottent des têtes d’animaux coupées…le tout légèrement gore et esthétiquement très fort.
Participer à MURAL
Quand on amène le sujet du côté intrinsèquement clandestin et subversif du street art, l’artiste tient rapidement à faire une différence entre l’art de la rue et un festival comme MURAL, qu’il compare plutôt à une galerie à ciel ouvert. Ici, on ne revendique pas l’aspect underground et contestataire de l’art de rue mais plutôt son coté public et rassembleur. Pour les artistes, MURAL est une opportunité de montrer leur art à l’international et aussi l’occasion de se rencontrer, échanger et passer du bon temps à faire la fête. Le Bonnard nous confie que même s’il adore le travail d’équipe et l’esprit d’appartenance qui s’impose lors d’un tel festival, il possède un fort côté solitaire qui le pousse à explorer un autre espace créatif lors de températures disons, moins clémentes. En effet, en hiver, l’artiste en profite pour se consacrer à une autre de ses passions : la création de films d’animation.
Bref, ce qu’il restera du Festival MURAL est un melting pot extrêmement intéressant de styles, de techniques et d’œuvres murales. On se souviendra du mélange des genres, de l’hyperréalisme graphique au figuratif cartoonesque , qui fait toute la richesse de ce festival d’art de rue. On se rappellera aussi de cet entretien avec Le Bonnard, qui malgré son jeune âge se révèle un artiste complet avec des idées et des projets plein la tête. Une dernière question qu’on aurait bien aimé lui poser : en haut de l’échafaud, a-t-il le vertige ?
Suivez son travail sur Facebook ici.
Les muralistes
Skin Jackin’
Sur le site, une foule d’activité engage la foule à s’interposer entre l’art et l’espace, à interagir avec les artistes en plein travail, à se lancer dans un combat de peinture, à jouer avec des oeuvres et même à contribuer à une oeuvre collective avec EN MASSE. Ce qui a retenu le plus notre attention, c’est le stand de Skin Jackin‘, un regroupement d’artistes qui invite le spectateur à se faire canevas le temps d’un dessin. Le corps devient alors le site de créativité spontanée de peintres et dessinateurs qui imposent sur la peau une oeuvre éphémère inspirée de l’art graphique et des graffitis. Exit l’inhibition corporelle, on se laisse guider hors de notre zone de confort et vers une espace plus intime, celui de la relation entre l’artiste et son oeuvre, sentir le poids du feutre se presser sur la peau. Et l’expérience se poursuit bien après, puisqu’arborer un sleeve quand on ne porte pas de tatouage généralement devient un un exercice du soi des plus surprenant. Et interactif puisque les regards se posent et génèrent de la conversation. On adore!
Peinture en direct sur une voiture par Jeremy Shantz.
Laurence Vallières, Galerie Yves Laroche
Work in Progress: Alexandre Boisseau
Party Paint Corona
Shooting Art : Whatisadam
Vente trottoir
EN MASSE pour les masses
Articles et photos: Milly et Catherine