Foire Papier 2018 – L’art de collectionner selon Laurent Duvernay-Tardif

C’est reparti pour une nouvelle édition de la Foire Papier! Jusqu’au 22 avril, vous retrouvez cet évènement incontournable dédié exclusivement au médium papier à L’Arsenal. Une occasion exceptionnelle de découvrir les galeries de tout le pays et leurs artistes phares. Pour l’occasion, j’ai rencontré Laurent Duvernay-Tardif, joueur de football américain et ambassadeur de la foire depuis deux ans. Je vous dévoile aussi en fin de billet mes coups de cœurs personnels !

Photo Édouard Plante-Fréchette

 

Allo Laurent ! Question basique : d’où te vient cet intérêt pour l’art, toi qui évolues dans un monde qui semble aux antipodes du milieu culturel ?
Je pense que ça vient de l’influence de ma famille. Peut-être aussi du fait que j’ai fréquenté une école alternative où j’avais 2 heures de pratique artistique par jour (aquarelle, sculpture, tricot…). En grandissant j’ai développé une vraie passion pour l’art contemporain. Les visites de musées faisaient partie de mes routines de voyages. Et puis c’est devenu un cercle vicieux d’année en année, à force de reconnaitre les artistes et de voir leur travail évoluer. Ça me passionne et c’est une passion que je partage aussi avec ma copine qui fait une thèse en muséologie.

Qu’est-ce qui te plait dans la Foire Papier ?
Ce que je trouve le fun , c’est que tu as une interaction directe avec les artistes et les galeristes. Tu peux approfondir, poser des questions, comprendre les démarches artistiques. Je trouve que c’est plus accessible qu’un musée par exemple.
Au niveau personnel, j’avoue que c’est aussi une forme de refuge où je peux être moi-même, sans être reconnu à tout bout de champ. Les rôles s’inversent : ici, ce sont les artistes qui sont au centre de l’attention !

Peux-tu nous dévoiler tes coups de cœur ou tes galeries favorites ?
Ma copine et moi, on suit beaucoup la Galerie Trois Points, la Parisian Laundry, et la galerie Hugues Charbonneau.

 

Vois-tu des points communs avec le sport ?
Les gens dans le monde du sport sont des gens passionnés, tout comme les artistes. Ils peuvent te parler de leur démarche pendant des heures. C’est quelque chose qui me vient me chercher. Ça me sort totalement de mon environnement et j’y retrouve des valeurs très similaires que je redécouvre sous une autre forme.
En plus, en tant qu’artiste, tu crées une œuvre qui est une petite partie de toi-même et que tu montres au public. Quand je joue – ma performance sportive – c’est aussi une partie de moi, sur laquelle on me juge. Dans ces deux mondes il y a de réelles prises de risque.

Raconte-moi comment tu as commencé à collectionner ? Qu’est-ce que c’est, pour toi, collectionner ?
J’ai commencé à acheter mes premières œuvres à 18-19 ans avec un budget d’étudiant d’université. Ma collection a vu le jour dans un microscopique 3 et demie. Ce que j’aime avec l’art contemporain, c’est que c’est plus qu’une œuvre sur un mur : de nos jours l’art contemporain prend la forme de tellement de médiums ; il peut se trouver partout, dans des installations extérieures et sur différentes plateformes, comme Instagram. On pense que l’art est inaccessible, mais on n’a pas besoin de beaucoup d’argent pour l’apprécier.

Il ne faut pas oublier que ce qu’on voit ici c’est 1% de tout ce qui se fait au niveau artistique. Car il y a plein d’artistes qui se revendiquent comme artistes et qui ne sont pas nécessairement représentés non plus. Ce qui est le fun, c’est de découvrir les artistes avant qu’ils n’arrivent ici. Il n’y a pas meilleur feeling que de faire une acquisition à 22 ans, et, quelques années plus tard, de voir que l’artiste est représenté par des galeries et des musées.

Nos coups de cœurs Querelles

Pour leur travail étonnant sur les textures et la matière :

  • Water Drawing #25 de Karilee Fuglem (présenté par la galerie Pierre-François Ouellette) : une œuvre, qui comme son nom l’indique, utilise l’eau comme seul médium. Appliquée de manière géométrique et délicate sur papier vélin, elle révèle un motif à relief d’une infinie douceur.

    Photo : Galerie Pierre-François Ouellette

  • Le Sans titre de Jérôme Bouchard (présenté par les galeries Roger Bellemare / Christian Lambert) : une création d’une extrême minutie qui évoque la topographie, réalisée à partir de couches fines d’acrylique successives appliquées à l’aide de pochoirs aux différentes formes.
  • Les épreuves à la gélatine argentique de Fiona Annis (Galerie D’Este). Ou quand la photographie prend des allures de clichés scientifiques en trois dimensions…
    © Galerie d'Este

    © Galerie d’Este

    © Galerie d'Este

    © Galerie d’Este

Pour leur côté coloré et éclaté :

  • Le style « millennial » (dixit la galeriste de la Galerie Division !) de Chloe Wise à base de dessins un peu vulgaires trahissant une grande technicité, de reproductions de feuilles de laitues en plastique, de chats, et de vieux chewing-gums collés sur des coins de toile. Une critique du consumérisme matériel et humain. Une œuvre globale qui se continue sur son compte Instagram évidemment.

    © Galerie Division

  • Les sculptures colorées et complètement délirantes de Daveand Jenn (Trépanier Baer Gallery), témoignages de nos expériences de dating online explosives…
  • © DaveJenn

    © DaveJenn

    © DaveJenn

  • Le travail de découpage de Michel Goulet (Christopher Cutts Gallery) aux airs d’études de design graphique minimalistes. Ne manquez pas de visiter son fantastique site web kitchissime : http://www.michelgoulet.ca/eng/index.htm.
© Christopher Cutts Gallery

© Christopher Cutts Gallery


Foire Papier 2018

Photo : JF Galipeau

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Sonia Reboul

Française plus très fraichement débarquée au Canada, amoureuse de culture expérientielle, sensible aux arts visuels, interactifs, et en mouvements (et instagrameuse à mes heures perdues).

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