Arts visuels – Visite VIP chez Alexandre Taillefer avec le Cercle des Printemps du MAC
Peau de coyote au mur, taxidermie d’agneau hybride, têtes de poupée mécanisée, portrait de jeune roux déformé… Autant d’étranges items qui meubleraient sans surprise un cabinet de curiosité du 18e siècle. Ce n’est cependant pas dans un manoir de l’épouvante que vous croiserez cette collection, mais plutôt dans une jolie maison banlieusarde planquée dans Saint-Lambert. Bienvenue chez Alexandre Taillefer, président du Musée d’art contemporain de Montréal et fort médiatisé Dragon de la scène entrepreunariale québécoise. C’est en compagnie du Cercle des Printemps du MAC, jeune groupe philanthrope affilié à la Fondation du Musée d’art contemporain, que Taillefer nous a ouvert toutes grandes ses portes pour ouvrir un dialogue intime avec l’art actuel.
Taillefer possède en effet l’une des collections d’art contemporain privées les plus remarquables du Canada. Très actif sur la scène culturelle et fort d’amitiés enviables avec plusieurs artistes qu’il collectionne, le duo Taillefer et Zakaib – sa conjointe, de son prénom Debbie, a su monter au fil des ans une collection avisée en pleine évolution, principalement axée sur des productions locales. Les oeuvres qui habillent les murs de leur domicile moderne crient d’intensité, de brutalité et parfois de morbidité, un choix curatorial dont le couple est très fier. On remarque par exemple à l’entrée un grand tableau de Marc Séguin, ami du mécène, produit d’une série sur les crash d’avion traités de façon abstraite: une oeuvre « difficile » mais essentielle qui infuse l’espace d’un carpe diem étrangement fluide. À ses côtés, un deuxième Séguin marquant, Roadkill 3, où est suspendu à la toile un coyote empaillé dévorant le ventre d’une femme enceinte. Déroutant.
Choquer, questionner, bouleverser sont autant de verbes descriptifs qui s’accrochent à la collection privée d’Alexandre Taillefer. Une intensité en totale osmose avec l’énergie qu’il dégage, celle d’un homme en constante recherche de challenge, que ce soit dans un cadre d’affaires ou dans le confort de son logis.
Au salon, ce n’est pas sans malaise que s’impose un homme panaché taillé par Jean-Robert Drouillard, trônant devant les invités curieux, tel un butler de l’absurde. On poursuit la visite dans le couloir menant à la chambre où nous attend un cochon empaillé et capitonné signé Sarah Garzoni, artiste française qui s’amuse avec les textures animales pour mettre en lumière le rapport entre hommes et bêtes. On retrouvera plus tard dans la salle à manger une seconde oeuvre de l’artiste, un poulet déguisé en lapin pris en flagrant délit de striptease lugubre. On sert un poulet BBQ ce soir, chérie?
On remarquera que les bases de la collection sont ancrées dans un amour pour le règne animal, objets surtout taxidermisés qui font office d’animaux de compagnie peu salissants. Taillefer admet toutefois voir le fil directeur de sa collection maturer, se rapprochant davantage de la photographie et de la peinture abstraite.
Les amoureux d’art contemporain membres du Cercle auront été accueillis avec une générosité sans borne par l’un des couples les plus marquants de la scène philanthropique montréalaise. On se réjouit de pouvoir se joindre à ce mouvement significatif de support à l’art et au MAC en devenant membre du Cercle, abonnement qui comprend un très convoité billet pour le Bal des Printemps du MAC le 17 avril prochain. D’autres activités exclusives seront organisées pour les membres d’ici la fin de la saison, retrouvez tous les détails ici!
Article: Catherine Martel
Photos: Sébastien Roy