Arts visuels – Faster, Higher: le sport au service de l'art

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Situé  à quelques pas de la Place-des-Arts et en plein coeur du McGill ghetto, le MAI (Montréal, arts interculturels) est un centre d’exposition pluridisciplinaire qui vaut le détour. Que ce soit en danse, en théâtre, en musique ou en arts visuels, cet organisme à but non lucratif cherche à promouvoir les pratiques expérimentales et interculturelles et a pour mission d’aider les créateurs professionnels à réaliser leur vision. Ce printemps, l’artiste londonienne susan pui san lok fut sélectionnée pour y exposer une œuvre qui nous remémore un souvenir marquant de l’hiver 2014: la tenue des Jeux olympiques à Sotchi. Dans une installation vidéo monumentale où s’entremêlent le commentaire politique et l’analyse sociologique, Faster, Higher (2008) s’immisce dans la face cachée d’un événement international des plus symboliques et rassembleur: les Olympiques.

Remanier le passé au goût du jour

Faster Higher fut commissionné par les institutions britanniques Film and Video Umbrella et BFI (qui supportent toutes deux la création vidéo) à l’occasion des Jeux olympiques de Beijing en 2008 et de ceux prévus à Londres quatre ans plus tard. Choisie pour son héritage sino-britannique, susan pui san lok avait comme mission de créer une oeuvre à partir d’archives et de matériel vidéographique. Aux yeux des organisateurs, pui san lok semblait être la candidate idéale pour offrir une perspective particulière, empreinte des deux cultures, sur cet événement mondial qui dépasse la simple compétition sportive.

Projetés simultanément sur cinq écrans géants, les vidéos nous montrent des séquences sportives entremêlées à d’autres images plus symboliques. Les scènes se succèdent sporadiquement, sur les différents écrans, et rappellent certaines stratégies de montage utilisées par les pionniers du cinéma soviétique. En effet, pui san lok juxtapose des images plus symboliques à d’autres très réalistes, et construit ainsi un récit plutôt linéaire. À l’aide de cette rhétorique visuelle, l’artiste tente d’orchestrer une forme de narratif en lien avec le rêve olympique, les aspirations individuelles et celles collectives.

La rhétorique du sport

Faster, Higher ne s’aborde pas comme une oeuvre contemplative, mais plutôt comme une oeuvre proposant une certaine réflexion critique. Entre autres, pui san lok tente de rendre visible l’esprit de compétition féroce qui est à la base même des Jeux olympiques et l’instrumentalisation du sport par les gouvernements comme moyen de forger l’identité nationale. Afin de bien saisir l’intention de l’artiste, il est aussi impératif pour le visiteur de porter attention à la juxtaposition des images à la bande sonore. Cette dernière nous présente des bruits de chantier de construction, une façon de nous rappeler les chantiers exigés par la venue des Jeux dans une ville et, plus subtilement, la ridicule somme investit à chaque fois afin de créer des Jeux olympiques toujours plus impressionnants.

Bref, Faster, Higher est une belle découverte, une occasion en or de voir des archives inconnues du grand public et qui de surcroît, abordent  les enjeux politiques, symboliques et narratifs du sport, sujet auxquels on s’attarde rarement en arts visuels.

 MAI (Montréal, arts interculturels) 

3680 rue Jeanne-Mance / Milton Park – Place des Arts

Faster, Higherjusqu’au 10 mai 2014

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Article: Milly Alexandra

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Photos: susan pui san lok

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