Danse – Marie-Antoine aux Grands Ballets: orgie de champagne et bonbon visuel
C’est avec grand ravissement que nous avons eu la chance d’assister à la première du ballet narratif Marie-Antoinette du Houston Ballet, présenté à la salle Wilfrid Pelletier jusqu’au 12 avril.
Aller au ballet, c’est un peu comme aller à l’opéra ou à un concert classique, il y a ce petit je-ne-sais-quoi d’intemporel qui nous sort de notre zone de confort, habitués comme nous sommes au zapping, « second screen effect », et autres divertissements en HD. C’est la sortie parfaite pour prendre un peu de recul sur notre façon de consommer la culture, avec parcimonie et rituel, et finalement, d’apprécier une autre forme d’expression artistique qui ne se capture pas sur un feed Instagram.
Étant trop peu exposées à ce type de discipline créative, nos références en ballet se limitent tristement pour plusieurs aux solos dramatiques de Black Swan, aux spectacles de fin d’année du programme art-étude de notre école secondaire et à quelques souvenirs flous de Casse-Noisette.
Bref, mercredi soir, froufrous, orgie de champagne et délicate hexis des cours princières nous auront charmés! Durant deux heures trente, on est transportés dans une capsule temporelle vers une période de l’histoire un peu glauque que tout le monde connait sans la connaître
vraiment, nécessairement en raison de la figure emblématique qu’est devenue Marie-Antoinette. C’était l’icône de son époque, LA figure féminine qui a transcendé le temps et l’histoire. Marie-Antoinette n’était rien de plus qu’une rock star.
Le chorégraphe Stanton Welch à su représenter en trois tableaux toute l’exubérance et la fébrilité qui entouraient le mythe de la dernière reine de France. Le jeu des danseurs et ceux des deux principaux protagonistes nous ont fait vire toute une gamme d’émotions, de la solitude à la l’insouciance, que la reine et Louis XVI ont pu vivre au cours de leur vie. Car il faut bien le savoir, ce ballet historique raconte l’histoire de Marie-Antoinette de son arrivée en France jusqu’à sa mort tragique en 1793.
L’ouverture du deuxième acte était sans aucun l’un des moments forts du spectacle; tous ces costumes sublimes aux couleurs pastel et conçus avec finesse nous donnaient l’impression d’être dans un sac d’œufs Cadburry: excessivement rafraichissant et emballant. Et même sans être un grand connaisseur de ballet, il ne suffit que de s’abandonner à cet univers où narratif et émotions se transmettent subtilement par le mouvement, où les pointes soulèvent les corps légers autant que notre catharsis, et où le silence coi de la foule apaise l’esprit pour laisser tout le plaisir aux yeux de savourer cette délicatesse visuelle couleur bonbon.
Une soirée au ballet fixe le temps, nous immerge dans un doux moment présent. Marie-Antoinette, pas sa fraîcheur et sa simplicité, est un spectacle accessible d’une grande qualité, idéale pour une introduction soft au ballet classique.
Marie-Antoinette du Houston Ballet
Salle Wilfrid-Pelletier – Place des Arts/ Centre-Ville Jusqu’au 12 avril. Horaire et billets ici. Catherine Martel et David Romanoff, collaborateur très spécial