Arts visuels – Dialogue créatif avec Manuela Lalic

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Activisme timide, 2013

Il y a de ces artistes qui nous sortent de notre zone de confort et adressent des problématiques fondamentales de l’art actuel avec une verve visuelle et un humour décapant. Au premier regard, une petite voix incrédule nous dit intérieurement « y’a rien à comprendre », puis on se colle le nez contre l’oeuvre, découvre ses infimes subtilités pour enfin s’abandonner à l’univers rigoureux qui se déploie sous nos yeux. Le travail de Manuela Lalic en fait partie, avec ses installations et ses interventions performatives qui activent notre esprit critique par la porte d’en arrière. Ses oeuvres fascinent toute comme elles dérangent en se façonnant une place confortable sur la frontière séparant le grotesque du questionnement social irrévérencieux.

Manuela Lalic, artiste visuelle d’origine française dont la démarche s’articule surtout autour de la sculpture par accumulation, s’inscrit dans la lignée de ces jeunes artistes étrangers venus s’établir à Montréal pour nourrir sa scène artistique et s’en faisant ambassadeur à l’international. Du Japon jusqu’en Serbie, et bientôt à NY où se déroulera sa prochaine intervention hors les murs, sa signature sensible et comique donne un souffle frais à la sculpture contemporaine.

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Section d’Éden, 2013

Par l’accumulation et la collection d’objets hétéroclites, elle organise des systèmes loufoques, chaotiques, qui valsent entre le minimaliste rigide et l’exubérant.

Notre rencontre eu lieu à l’hiver dernier, au crépuscule de sa plus récente expo à la galerie Optica, Activisme timide. Le choix du titre évoque à merveille autant la personnalité que la signature conceptuelle de Lalic. Choquée par la dénaturation de nos espaces collectifs, Manuela provoque la fonction des objets, se moque de leur signalétique en manipulant leur contexte et leur forme. Une mortadelle sera ainsi scannée pour être convertie en tapisserie sympathique couvrant un t-shirt ou un rouleau de papier de toilette. Par l’accumulation et la collection d’objets hétéroclites, elle organise des systèmes loufoques, chaotiques, qui valsent entre le minimaliste rigide et l’exubérant. Un hybride entre le Ready-Made dérisoire à la Duchamp et le Néoréalisme à la Arman, avec en prime une touche pop attachante.

Ce qui charme dans la démarche de Manuela, c’est cette capacité qu’elle possède de subversivement sortir le spectateur de ses lieux communs par l’absurde. À Optica, l’espace recevait une série d’installations -chaises, tables, trombones, néons-pickles-patates – interconnectées entre elles par des rebus, forçant le spectateur à contourner ce qui pouvait être autant une pile de balais et de planches de plywood oubliée après le montage qu’une œuvre volontaire. Une stratégie inconfortable et discursive qui se solde très souvent par l’expression « Ah ça moi aussi je peux le faire ». Un cliché facile de l’art contemporain qui la hante depuis ses débuts et qui a forgé la condition sinequanon de son esthétique : « Toutes accumulations que je fais, le public aussi pourrait le faire. Il ne s’agit que de faire un nœud, plier un trombone ou nouer des élastiques ». L’ambivalence d’un tel choix esthétique met le spectateur dans un état de danger, puisque d’un coup, les codes muséaux que l’on anticipe, celui de la galerie ordonnée, claire et épurée, deviennent imprévisibles. Le spectateur doit alors choisir si l’expo est achevée ou non, est forcé de s’engager pour démêler ce joyeux bordel.

Ce toc d’accumuler trombones, sacs poubelle et styromousse prend racine dans son passé, à l’époque où elle travaillait à

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l’usine pour payer ses études : « Ce rapport à la répétition dans le geste, à la reproduction mécanique a été déterminant. Je me demandais comment on pouvait introduire quelque chose de fonctionnaliste aussi aride qu’un geste d’usine dans un contexte artistique et créatif ». Et pour palier au pragmatisme froid de ce motif, Manuela crée une tension entre l’organique et l’industriel, et incorpore une contrainte de pérennité, comme dans l’installation Section d’Éden d’où émergent des masses de trombones quelques concombres béats qui ne tardent pas à suinter.

La thématique du mouvement de masse inspire ainsi sa réflexion conceptuelle : comment le « je » peut-il exprimer le « on » ?

Les paradigmes qui se dessinent entre ses installations singent des moments collectifs négligés : « La salle d’attente ou le pique nique deviennent des prétextes avec lesquels je travaille, qui questionnent comment de l’individuel je peux évoquer l’ordre du collectif. ». La thématique du mouvement de masse inspire ainsi sa réflexion conceptuelle : comment le « je » peut-il exprimer le « on » ? En mettant en scènes et en se réappropriant les dispositifs de ces lieux collectifs : « Ma page blanche, ce sont les codes que trimballent un moment collectif, il faut les mâchouiller, les redigérer, puis les vomir ! »

Une envie future ? Collaborer avec un artiste au medium diamétralement opposé au sien, peut être un artiste vidéaste qui donnerait une orientation nouvelle à son travail. On surveillera attentivement les progressions de son parcours riche!

Découvrez-en davantage sur le travail de Manuela ici.

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Activisme timide, 2013

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Se fondre dans la masse

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Stress IKEA

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Une chose de moins

Article : Catherine Martel

Photos : Richard-Max Tremblay

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