LifeStyle – Lurlu Bellerue : Des cheveux, du vélo!
En avril dernier, l’atelier de vélo « Lurlu Bellerue » ouvrait ses portes dans Rosemont-La Petite-Patrie, tout près du métro Beaubien. En à peine cinq mois, cet atelier a déjà un succès dans le quartier grâce au bouche-à-oreille.
Il est 10h sur la rue Saint-Zotique, au coin Boyer, la porte reste ouverte, l’odeur du café vous inonde si vous passez le pallier et derrière la vitrine… des peignes, du gel, des outils et des vélos – bienvenus à Lurlu Bellerue. Cet atelier de réparation et de vente de vélos à la particularité d’être aussi un salon de coiffure!
Les hurluberlus, vous les connaissez peut-être. Ce sont ces fous de cyclisme de toutes les saisons. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que le soleil leur brûle la peau et les mollets, les hurluberlus feront tourner la pédale à Montréal. Alors quand on évoque les hurluberlus, on parle bien sûr des cyclistes d’hiver. Ce terme a inspiré Lautaro Xavier Ovando, grand adepte du deux roues, pour créer son propre atelier de vélo « Lurlu Bellerue », dans le quartier de Rosemont-La Petite-Patrie.
Dans ce petit atelier, le hasard du lieu en a fait son originalité : le mélange de coiffure et de vélo. Avant que les bicycles n’y fassent leur apparition, il y avait le barbier du salon Malfi au 923 Saint Zotique. Ici, tout le monde connait l’histoire de l’ancien barbier, établi il y a plus de quarante ans. Les habitués se retrouvent agréablement surpris de voir des vélos émerger à côté du salon de coiffure. Un des clients nous explique sa réaction quand il a découvert les vélos de Lurlu Bellerue : « je suis résident du quartier depuis cinquante ans et ici c’était mon barbier quand j’étais p’tit. Il y a quelques mois, les vélos sont arrivés! J’ai vu qu’on pouvait encore se faire coiffer et j’me suis dit que c’était une superbe idée. J’aime ça, c’est frais et c’est l’fun ! ».
Ça pédale et ça décoiffe
Vous avez l’image en tête? Là comme ça, je sens que c’est difficile! Bien sûr, imaginer de se faire coiffer à côté d’une réparation de bicycle, ça n’a pas l’air reluisant. Mais pas de panique, à Lurlu Bellerue, chacun trouve son espace pour une meilleure harmonie. Le café reste au comptoir ; et non, il n’y aura pas de cambouis dans les cheveux ni de gel coiffant sur la selle de vélo. Pour le barbier Franck Riguera, « c’est un bon compromis, les gens sont heureux d’être coiffés ici même s’il y a des vélos, parce que c’est un quartier simple, c’est ça qui est bien ! De toute façon, chacun a son périmètre et dans la mécanique, on n’a pas toujours les mains sales! Alors au niveau de l’hygiène, on est tous très propres, puis on essaye de garder de l’ordre ».
Aussi, il faut peut-être le rappeler mais, avec le phénomène de gentrification, c’est ce genre de petits quartiers qui meurt à Montréal. Au contraire, le nouveau propriétaire a voulu prouver que c’était possible de faire vivre un quartier par de petits locaux, un peu d’huile de coude, d’ambition et d’imagination. Alors si on met de côté l’originalité du concept de coiffure-vélo, Lurlu Bellerue permet aussi de créer un mélange générationnel et de nouvelles habitudes de quartier, à Rosemont-La Petite-Patrie.
« J’étais en fin de bac, je n’avais pas les moyens d’investir dans la rénovation ; enlever les éviers, arracher les miroirs, refaire la plomberie… Alors je me suis dit, qu’est-ce que je fais avec ça ? C’est là que j’ai demandé à mon ami Franck, son grand-père et son père étaient coiffeurs, lui aussi c’est un excellent coiffeur et puis c’est un tripeux de vélo en plus ! Il a dit oui. »
– Légende photo – Ceux qui habitent dans le quartier depuis des années ont l’habitude de passer par là pour se faire coiffer. Ils vont pouvoir amener leur bicycle eux-aussi et côtoyer les jeunes cyclistes qui pourront en profiter de leur côté pour se faire une petite coupe d’été.
Habitudes et ouverture d’esprit
Un principe aux allures « trendy » qui s’adresse aux habitants du quartier. À Lurlu Bellerue, vous ne trouverez pas que des chemises à fleur, des looks hipster ou des moustaches vintages. Le barbier et les mécaniciens de la rue Saint-Zotique n’ont pas pour objectif d’être branchés. Ils laissent place aux habitants du quartier! Alors peu importe votre style, venez vous essayer à Lurlu Bellerue.
L’esprit cycliste
Sans avoir à vraiment le rappeler : ça n’est pas si facile aujourd’hui de trouver une place pour un nouvel atelier vélo à Montréal. La métropole en regorge depuis quelques années, et c’est une très bonne nouvelle. C’est l’illustration même qu’un nouvel état d’esprit cycliste émerge chez les citoyens montréalais.
« Il y a encore dix-quinze ans, les Montréalais n’appréciaient pas tant que ça les cyclistes. Aujourd’hui, c’est même la Ville qui propose de nouvelles infrastructures et puis on le voit sur les routes, le partage entre piétons-cyclistes-autos se fait bien mieux et de manière plus respectueuse. Et bien sûr, les cyclistes sont de plus en plus nombreux », nous rappellent Xavier et Franck.
On y arrive, la pratique du vélo commence à se démocratiser. Pour Xavier, ce qu’il faut encore travailler, c’est l’éducation quant au choix du bicycle ! « Aujourd’hui, si tu vas dans un gros shop, tu vas trouver des vélos neufs à bas prix, mais c’est important de savoir qu’un vélo usagé avec de meilleurs accessoires a plus de chances de tenir le coup sur le long terme ! Il pourra passer les saisons. C’est sûr qu’au début c’est bizarre de payer un vieux vélo plus cher, mais ça vaut le coup et notre travail, c’est d’expliquer tout cela à nos clients ! »
– Légende photo – A cet emplacement idéal, les cyclistes aguerris apprécieront donc le professionnalisme et la convivialité de l’équipe sans oublier l’aspect éducatif sur le cyclisme urbain, très cher à Lurlu Bellerue.
Pour aller vous faire une nouvelle coupe de cheveux ou refaire une beauté à votre vélo, Xavier, Franck, Joëlle, Philippe et Félix vous accueilleront avec un bon café sur le comptoir!
POUR ALLER PLUS LOIN :
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Lurlu Bellerue, c’est donc au 923 Saint-Zotique, tout près du métro Beaubien, pour vous y rendre, c’est facile, deux pistes cyclables se croisent au coin de la rue.
Article: Emilie Lamine
Franck, barbier de Lurlu Bellerue
Xavier Lautaro, propriétaire de Lurlu Bellerue Photos: Lurlu Bellerue