C2-MTL – Part I : Sommet créatif et exubérance montréalaise, le meilleur des conférences
Vous traduire en un seul billet tout ce que j’ai pu apprendre durant les trois jours de C2-MTL relève d’un défi colossal. Vous serez prévenus: je suis une verbeuse intransigeante. Me voilà donc forcée de dompter mon impatience et trancher le compte-rendu de mon expérience en deux volets. Pour ne pas vous gaver trop vite comme des foies gras. La 2e partie de mon billet sur C2-MTL sera en ligne dès demain. Parce que bien franchement, j’en ai simplement trop à dire, et surtout, à partager.
Montréal est bien connue pour sa fibre innovante sur la scène mondiale, et Sid Lee a vu en cette réputation une opportunité unique de renforcer le statut embryonnaire de hotbed créatif que la métropole québécoise arbore si fièrement. C2-MTL est ainsi le produit de cette initiative out of the box qui escompte faire de Montréal un hub pour les gens d’affaires en quête d’inspiration, de combler cette brèche entre commerce et créativité.
Pour sa deuxième édition, C2-MTL réitérait la formule conférence, workshop et boot camp créatif, soutenu par une cohorte impressionnante de sommités mondiales provenant de domaines diversifiés et complémentaires: technologie, arts, science, entrepreneuriat. Au menu: le designer superstar Philippe Stark, Blake Mycoskie – fondateur de TOMS, la créatrice Diane von Furstenberg, l’homme derrière l’empire Virgin Sir Richard Branson, Andy Nulman, et autres. Le but: stimuler la créativité, les échanges, l’apprentissage interactif et le réseautage d’affaires afin de faire entrer en ébullitions idées et rencontres pour façonner un futur novateur et inspirant.
L’an dernier, j’étais aux premiers rangs pour à la fois célébrer ce projet ambitieux et si stimulant pour Montréal, et aussi pour lancer la première pierre à cette organisation qui avait littéralement fermé ses portes à la jeune relève de par ses prix exubérants. Soit, la crédibilité et l’exclusivité de cette conférence avant-gardiste sont garantes d’un certain élitisme d’affaires quasi incontournable. Mais quelle idée de ne pas inviter le futur de cette industrie, les prochains visages de la révolution créative!? Je fus donc des plus soulagées qu’ils offrent enfin pour 2013 des tarifs étudiants plus « accessibles » – bien que ma présence à C2-MTL est une gracieuseté de McGill qui eu la sainteté d’envoyer une délégation d’étudiants en gestion – Merci!
Twitter est ainsi devenu mon meilleur amis lors de ce trois jours haut en couleur et en adrénaline inspirationnelle, puisqu’il me permit de partager mes insights avec vous, en temps réel. Retour, donc, sur cette bulle que fut C2-MTL, pour son atmosphère chargée en opportunités, son aura de « coolness » si propre à Sid Lee et son originalité survoltée nourrie par le Cirque du Soleil.
Top 5 des meilleures conférences de C2-MTL – 1re partie
Pour leur contenu inspirant et la performance du speaker (parce que oui, savoir dealer avec un stage fait aussi partie de la pertinence du discours)
#5. Pour le style irréprochable et la mythologie du personnage – Diane von Furstenberg, fashion designer
DVF est maîtresse d’un design propre à la femme moderne, digne d’une Coco Chanel moins garçonne, qui aura révolutionné la mode féminine grâce à la « wrap dress ». « I’m inspired by being a woman, and I want to inspire women »: la robe portefeuille DVF (qui fêtera ses 40 ans l’an prochain), c’est cette « meilleure amie » que toute femme avide de style « effortless, sexy and on the go » se doit d’avoir sous la main. Les matières souples et accessibles subliment féminité et confèrent indépendance à celle qui la porte. « I always wanted to be an independent women » nous a confié Diane lors de sa conférence/entrevue, faisant allusion à sa carrière si fulgurante. La « wrap dress » était pour elle l’alliage parfait de pragmatisme et de féminité, l’ADN se sa marque, son héritage : « It’s about color, print, and effortless femininity ». Et concernant le personnage, j’ai surtout craqué pour son flegme ravissant, sa noble stature et son bilinguisme parfait (l’antipode de Starck, je confirme). Petit coup de coeur pour son humour pinçant de grande dame et sa capacité à faire des calembours en français en ayant l’air d’une rock star (« J’ai fait une robe portefeuille et ça m’a rempli le portefeuille! »). Son accent français (impeccable) me rappelait d’ailleurs la voix d’une actrice de la Nouvelle Vague. So romantic.
Le takeaway: « It is important to stand for what you believe in ». And to stay fabulous while doing so.
#4. Pour la meilleure vulgarisation et intégration de la pensée design dans notre quotidien – Fred Dust, associé IDEO
Créatif novateur et vulgarisateur de la pensée design, Fred Dust su démystifier et accessibiliser le processus réflexif que suivent les designers actuels. Avec IDEO, Dust travaille auprès d’agents du changement pour permettre aux gouvernements et entreprises de trouver des solutions innovantes pour régler des problèmes majeurs, tels que l’engagement citoyen, les services de santé et la crédibilité des leaders. Selon Dust, le design peut impacter les systèmes à grandes échelles et que les situations de crise sont des moments tout désignés pour exploiter la pensée design et affecter un changement positif. On pense à son exemple du Péru où les citoyens désabusés se désengageaient de leur acte citoyen de par la réputation corrompue du gouvernement. Dust proposa alors aux Péruviens d’apposer un sticker sur toutes les choses qui devraient être réparées dans le pays, du mobilier urbain en passant par la police locale. Une initiative engageante qui stimula la conversation et le changement. Avec son charisme à la fois humain et rationnel, il a su nous convaincre que chacun peut faire une différence en adoptant trois mantras du thinking design:
- Regarder, observer: « We are getting worst at listening. Think about how you attend and look at your environement. There is a lot to learn about understanding directly what people look, do and read ». « To understand the world, you need to observe, engage and dive into it » .
- Interpréter, traduire, voler: « Think about the context. Designers are highly aware of the world they are in, design should reflect the world it is in. » « Translate and break down language to challenge tradition. »
- Faire acte de bravoure et créer de l’empathie: « You are a better designer if you love the people you design and build for. Empathy is a huge tool » « Human contact is sometime enough to break through. »
Le takeaway: « You are a better designer if you love the people you design and build for ».
#3. Pour le life story le plus tear dropping et pour le charisme décapant – Blake Mycoskie , Fondateur des chaussures TOMS
D’abord, c’est le sourire de tombeur et le look bohème à la backpacker de Blake qui fait fondre la foule. Puis notre attention se fait aspirer dans le vortex de son narratif inspirant. Parce que le fondateur de TOMS sait raconter une bonne histoire et captiver la foule de son humour et de son énergie passionnelle. De cette compagnie de chaussures montée sur le modèle du One for One (pour une paire achetée, une paire donnée aux enfants défavorisés), Blake a su partir un mouvement mondial de capitalisme philanthropique. « Incorporate giving in what you do » est pour lui le mantra que chaque entrepreneur devrait tenter de mettre au coeur de son entreprise. Ce qui est surtout fascinant chez TOMS, c’est de constater l’engouement et l’évangélisme dont font preuve les consommateurs: « People like the shoes but love the story ». Celle d’un jeune entrepreneur touché par l’impact si néfaste que le manque de chaussures pouvait avoir sur les enfants argentins (dont l’interdiction d’aller à l’école), qui s’investit tête première dans cette cause et qui fut victime de son succès. L’effet de son modèle est incontestable: « By integrating giving in a business model, customers become the marketers. Giving is a good business model: it helps attract, retain and motivate. TOMS is driven by the passion of its customers ».
Le takeaway : « Giving feels amazing, and it always comes back. It is also a very good business strategy ».
L’Arsenal, muté et optimisé
Le Sid Lee Boot Camp : War on Drugs
Un brainstorming collectif afin de trouver des solutions à la guerre inefficace contre la drogue qui sévit depuis près de 40 ans.
Boutique Éphémère
Boutique souvenir de créateurs d’ici.
** Je me permets d’intégrer les citations des conférenciers en anglais afin de préserver l’intégrité de leur propos.
Article et photos: Catherine Martel