Mode – H&M Conscious : Peut-on réconcilier fast fashion et chic durable?
Le lookbook de la nouvelle collection Conscious d’H&M fut mis en ligne pile-poil au moment où je terminais la lecture de Overdressed, bouquin fort inspirant qui retrace les aléas du fast fashion moderne, du textile au design en passant par la démesure des manufactures chinoises. Une vraie claque sur la gueule pour une fashion accro dans mon genre. Conditionnée par l’amour des belles choses et le rythme effréné avec lequel les grandes enseignes nous pondent des collections et suggèrent de nouveaux hit piece sans interlude, magasiner est devenu un quasi-work-out. « Shopping is my cardio » avait prêché Carrie Bradshaw (et ce bien avant l’avènement du online shopping)… Mais même les plus ferventes shoppeuses d’entre nous confrontent un jour un mur métaphysique. Lorsqu’étourdie par un vortex de rack en solde à 5$ chez Forever21, on se demande s’il y a un point de non-retour à ce genre d’idéaux mode complètement désaxés, centrés sur la gratification immédiate et l’impulsion. Fashion therapy, anyone?
M’imposer un reality check pour repenser mon rapport à la mode, ma façon de la consommer et mes valeurs vestimentaires est un processus de réflexion que je négocie depuis quelque temps. En sommes, le point de Overdressed, c’est de constater à quel point on est déconnecté de nos vêtements: on favorise quantité plutôt que qualité, et le choix des matières se fait à l’aveugle. On est si mal informé que je n’ai appris que récemment que le
polyester était un textile plastique fait à partir de pétrole (comme le Nylon et l’acrylique). On ne se pose pas non plus de question sur le cycle de vie de nos vêtements. Où se retrouvent nos vieux morceaux défraîchis ou blasant une fois qu’ils sont royalement dompés dans la chute à don du Village des Valeurs? Bien franchement, Overdressed nous informe qu’ils ne se retrouvent que très rarement sur le dos d’un démuni, ils sont plutôt massivement jetés et polluent la planète comme n’importe quel autre rebut. Est-ce qu’on se pose systématiquement la question de la provenance et de l’impact écologique et social des vêtements qu’on achète? Trop peu. Et je suis la première coupable. Overdressed m’a motivé à vouloir repenser ma façon de conceptualiser la mode, de la voir d’un oeil plus réaliste et sensé. Et surtout, d’essayer progressivement de me départir de mes mauvaises habitudes dépensières.
Mais la réalité, c’est que consommer la mode cheap et de basse qualité comme on le fait allègrement de nos jours est un comportement difficile à corriger tellement on est submergé d’incitatifs et d’offre homogène. Autant j’aimerais investir davantage dans des pièces faites au Canada et composées de matières nobles et durables, mon budget de jeune professionnelle me tire toujours par la manche pour me faire graviter autour des H&M et Zara de ce monde. Une part de responsabilité tombe indéniablement dans la cour de ces géants de la mode qui tirent largement les ficelles d’une industrie mondiale motivée par les bas prix et la main d’oeuvre facile. Adopter des matières durables est imposer à ses manufacturiers des conditions de travail humaines est un devoir des enseignes de fast fashion. H&M est justement l’une des pionnières de cette initiative de « conscience » collective et durable. Un premier (petit) pas qui je l’espère, enclenchera un nouveau paradigme chez les gros joueurs de la mode.
Ma première prise de conscience s’est opérée du côté du textile. Être capable de lire les étiquettes, comprendre les composantes et choisir adéquatement les matières et une étape primaire pour monter une garde-robe durable qui survivra aux lavages et aux saisons. On préconise des textiles naturels (laine, soie, coton, chanvre), cellulosiques ou semi-artificielles (Tencel, bambou, viscose rayonne, Lyocell) plutôt que des textiles synthétiques (comme le polyester, nylon ou spandex).
Avec sa Conscious Colletion, H&M propose des vêtements à la fois stylés et durables, faits de matériaux plus écoresponsables. Cette année, de nouvelles matières seront introduites, dont la soie 100 % biologique et le cuir biologique, et sont mis en valeur par des pièces bohèmes inspirées du flamenco et des toréadors. Entre 20$ et 600$ (pour une robe super chic). C’est un petit pas pour notre garde-robe qui pourrait devenir un grand pas pour l’industrie de la mode.
H&M – Collection Conscious Exclusive
Disponible dans certains H&M le 10 avril 2014.
1100, rue Sainte Catherine à Montréal.
Un peu de lecture: Overdressed, par Elizabeth L. Cline