Obsession – I see fashion everywhere and everything in fashion
S’il y a bien une chose qui m’aura marqué de la poésie de Baudelaire, c’est la beauté audacieuse de sa « théorie des correspondances »: accoler une odeur au visuel, une texture au goût, une couleur au son. Ses correspondances métaphoriques sont considérées comme le pendant littéraire de la synesthésie, cette condition neurologique fascinante qui confond et combine deux sens – comme Kandinsky par exemple, artiste abstrait et synesthète reconnu, qui voyait de la musique en la couleur.
D’un point de vue artistique, c’est un trouble qui catalyse une créativité folle complètement hors norme. Kandinsky n’aurait probablement jamais donné naissance à l’abstraction si ça n’avait été de sa compréhension des formes et de la couleur par la musique. Sa conceptualisation radicale d’une nouvelle forme d’art pictural dépourvu de figuration fait écho à la musique classique, une représentation purement abstraite par le son, sans référence au réel.
Combien d’autres artistes et créateurs n’auraient pas su innover sans la perméabilité des médiums et le dialogue entre les disciplines?
Jouer aux correspondances est un exercice qui me fascine profondément et qui influence grandement ma façon d’écrire, de ressentir; celui de déroger du sens convenu qui devrait être stimulé pour partager une expérience sensible au-delà du prévisible. Voilà pourquoi le Tumblr WISF a tout particulièrement raisonné en moi, d’abord par son esthétique rigoureuse et harmonieuse, mais aussi par l’hypersensibilité artistique de ces correspondances visuelles. La mode, aussi, est un terrain de jeu pour les sens, qui puise son essence dans l’art, l’architecture et la nature avec beaucoup d’habiletés.
« I see fashion everywhere and everything in fashion ».
J’aurais rêvé d’y penser plus tôt.
Plus de correspondences art/fashion sur Where I See Fashion, et toutes les sources des références visuelles.
Article: Catherine Martel
Photos: WISF